La Chimère

La chimère a passé dans la ville où tout dort, Et l’homme en tressaillant a bondi de sa couche Pour suivre le beau monstre à la démarche louche Qui porte un ciel menteur dans ses larges yeux d’or. Vieille mère, enfants, femme, il marche sur leurs corps... Il va toujours, l’œil fixe, insensible et farouche... Le soir tombe... il arrive ; et dès le seuil qu’il touche, Ses pieds ont trébuché sur des têtes de morts. Alors soudain la bête a bondi sur sa proie Et debout, et terrible, et rugissant de joie, De ses grilles de fer elle fouille, elle mord. Mais l’homme dont le sang coule à flots sur la terre, Fixant toujours les yeux divins de la chimère Meurt, la poitrine ouverte et souriant encor. Albert SAMAIN
L’ombre et le jour
Au milieu des joyaux étincelants et lourds …

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